au 22 juillet 2024
Nous, psychologues sociaux et du travail, chercheur.e.s et enseignant.e.s, membres du Groupe de Recherche en Psychologie Sociétale de l’Université Lumière Lyon 2, lançons un appel pour battre l'extrême droite lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, en raison de notre engagement pour la démocratie, les droits humains et la justice sociale.
Cet engagement repose sur des décennies de recherche et d'analyse des dynamiques sociales, des préjugés, des processus de discrimination, de domination et d'exclusion sociales et leur impact sur les groupes sociaux et les rapports inter-groupes. L'histoire de la psychologie sociale est profondément marquée par la montée du fascisme et des régimes totalitaires du XXe siècle. C'est dans ce climat et en réponse aux horreurs du fascisme que des chercheurs en psychologie sociale ont mené des recherches et développé des théories visant en la compréhension des mécanismes psychosociaux sous-tendant ces idéologies destructrices.
La montée des totalitarismes en Europe a poussé de nombreux chercheurs (Lewin, Adorno, Heider, Festinger, Halbwachs et d’autres), souvent eux-mêmes persécutés ou en exil, à se pencher sur les mécanismes de l'endoctrinement, de la soumission à l'autorité, de la persécution… Ne pas rester muets face à ces événements, ne jamais s’y résigner. Analyser et comprendre les logiques psychosociales qui sous-tendent ces idéologies nauséabondes, voilà leur démarche. Nous retiendrons p.ex. les travaux et écrits de Stanley Milgram (1974) visant à comprendre comment, soumis à une autorité perçue comme légitime, des individus ordinaires pouvaient commettre des actes cruels. Ceux d’Henri Tajfel (1979) sur l'identité sociale qui explorent comment les individus catégorisent les autres groupes, favorisant leur propre groupe en discriminant les autres. Ceux de Serge Moscovici (1961, 1976, 2019) habité par “l’injonction qu’il fallait percer à jour le mystère de ces hystéries collectives, qui [lui] avaient aussi enseigné qu’un individu ou un groupe pouvait résister aux idéologies les plus mortifères, d’où l’intérêt de travailler sur les représentations sociales”.
Notre opposition est fondée sur une compréhension fine des conséquences funestes des idéologies d'extrême droite sur nos sociétés. C'est dans ce contexte alarmant qu'il nous semble de notre responsabilité en tant que psychologues sociaux et du travail de ne pas nous laisser gagner par l'indifférence et de continuer à combattre les idéologies d'extrême droite et à promouvoir les valeurs humanistes et universalistes qui sont les nôtres. Au vu de la situation politique actuelle, l'urgence est à la (re)mobilisation pour les prochaines élections législatives et à l’expression de nos valeurs dans les urnes.
Unité de recherche GRePS (Groupe de Recherche en Psychologie Sociétale), Université Lumière Lyon 2