Publié le 4 avril 2023 Mis à jour le 5 avril 2023
le 4 avril 2023

En tant que chercheur.es, psychologues du travail et psychologues sociaux, nous sommes au quotidien au contact des travailleur-ses et témoins de la manière dont les conditions de travail actuelles entravent de plus en plus la santé des collectifs. A l’heure où de nombreux salarié-es se demandent comment “tenir” dans leur activité et les recruteurs comment recruter dans des secteurs en tension, peu attractifs, la question de l’activité de travail n’est toujours pas convoquée, malgré tout.

Nous pensons en effet, qu’allonger la durée du temps de travail n’est pas une solution recevable à l’heure où le nombre d’arrêts maladies, de prises de psychotropes “pour tenir” sont en forte hausse. Commençons plutôt par améliorer la santé mentale et physique des salarié.es avant de parler d'allongement de l'âge de départ à la retraite, à des seules fins d’économie présupposées des comptes sociaux. 

Par ailleurs, en tant que psychologues du travail et sociaux et donc spécialistes des groupes, nous dénonçons aussi le recours au 49.3 qui empêche toute forme de débats et de dialogue. Car c'est bien le débat et le dialogue qui permettent au groupe de penser, de devenir créatif, d'inventer des alternatives. Notre pratique de recherche s'intéressant aux impacts psychosociaux des inégalités sociales de santé et de travail, nous amène donc à dénoncer une réforme injuste, inégale et injustifiée. Donnons-nous plutôt les moyens de faire de la prévention primaire, au-delà des incantations, pour ne pas attendre que les salarié.es perdent en espérance de vie (pensons aux éboueurs qui ont trois ans d'espérance de vie de moins comparativement à d’autres agents). Permettons aux séniors de partir dans de bonnes conditions. C’est ce combat qui s’exprime aujourd’hui dans les différents mouvements de protestation. C’est par la délibération, par la construction de collectifs de pairs soudés par leur rapport à leur activité, au bel ouvrage, qu’il est possible de solidifier un contrat social où la question du travail permet de faire société. Cette réforme met à mal les acquis de longue lutte, faisant du travail, un lieu de dépassement et de socialisation. De réformes en réformes, il est au contraire de plus en plus aliénation, subordination. 

Les personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche ont tout à y perdre, eu égard à la durée des études, l'âge moyen de l'entrée dans la carrière (37 ans pour un.e MCF en sciences humaines), et la précarité de celle-ci (baisse continue des postes de titulaires, carrière hachée des femmes, etc.).

Nous soutenons les motions votées par les élu-es en CFVU (24 mars 2023) et en CA (31 mars 2023) de l’université Lumière Lyon 2 et dénonçons la multiplication des tâches et la dégradation inacceptable des conditions de travail des BIATSS, enseignant-es-chercheurs-euses qui se répercutent sur la qualité des enseignements et sur les conditions de formation de nos étudiant-es.

À l'instar de la majorité des salarié-es du privé et des agents du public, nous contestons donc vivement cette réforme qui concerne toute la communauté universitaire, les services techniques et administratifs, mais aussi les étudiant-es en tant que futur.es salarié-es. En conséquence, nous soutiendrons et participerons aux différentes initiatives et journées de mobilisation à venir. 

Unité de recherche GRePS (Groupe de Recherche en Psychologie Sociétale), Université Lumière Lyon 2

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